08 mars 2013

«Les visites des clowns furent mes plus beaux instants à l’hôpital»

«Les visites des clowns furent mes plus beaux instants à l’hôpital»

 

Il y a quelques temps, nous avons reçu ces quelques lignes, touchantes, par la poste : «A 2 ½ ans, j’ai eu le cancer. Ma plus grande joie durant cette période ce fut lorsque les docteurs Rêves venaient me voir et me permettaient d’oublier un moment ma maladie.» Aujourd’hui Qendresa Sadriu a 18 ans. Elle est en bonne santé. Elle revient pour la première fois au Kinderspital de Zurich en compagnie des docteurs Rêves qui surent lui donner le sourire.

 

 

Tendue et quelque peu fébrile, Qendresa est assise dans le hall d’accueil de l’hôpital des enfants de Zurich, attendant la rencontre avec les docteurs Rêves. L’endroit éveille en elle des souvenirs bouleversants. Il y a 15 ans – elle avait tout juste deux ans et demi- c’est ici qu’est tombé le diagnostic du cancer. Qendresa souffrait d’un neuroblastome, une tumeur maligne qui avait atteint ses ovaires et une partie du plexus nerveux des deux côtés de la colonne vertébrale. En deux ans, elle va subir six opérations, sans oublier les traitements réguliers et les examens douloureux au Kinderspital de Zurich. La chimiothérapie s’accompagne de douleurs et de violentes nausées, elle perd du poids et s’affaiblit de jour en jour. Les chances d’une guérison rapide sont de moins 50% et, à chaque opération, elle risque de ne plus se réveiller ou de rester paralysée. Longtemps, la petite Qendresa n’a pas compris pourquoi elle devait être si souvent hospitalisée et prendre tant de médicaments. Elle sait seulement qu’un matin, en se réveillant, elle a constaté que son oreiller était parsemé de cheveux et qu’elle a compris que quelque chose n’allait pas.

Rester forte malgré l’hospitalisation

Durant son long séjour à l’hôpital, Qendresa est restée seule dans sa chambre. Sa famille, et surtout sa maman, venaient la voir aussi souvent que possible. La maman tentait de la distraire avec des histoires et des contes de fées. Pour Qendresa, sa maman est une femme forte et gaie. A certains moments, lorsqu’elle s’éveillait et voyait sa maman debout à la fenêtre, déprimée, les larmes aux yeux de tristesse et de désespoir, elle percevait son immense détresse: toute la famille était arrachée à son quotidien familier à cause de la maladie, des longs traitements et de l’inquiétude, et avait besoin de beaucoup de forces pour comprendre et accepter cette situation.

Lueur d’espoir tous les jeudis

Qendresa était encore toute petite, mais elle se souvient que les journées étaient souvent longues et remplies de craintes. Elle était entourée de tuyaux et de beaucoup de personnes qui l’examinaient. A cette époque, le point culminant de la semaine était le jeudi, jour de la visite des docteurs Rêves : «Ma plus grande joie, c’était toujours quand les clowns venaient me voir » raconte-elle, le sourire aux lèvres. Elle se rappelle encore parfaitement de leur première visite. Ce jour-là, elle était particulièrement triste et affaiblie par les médicaments. Sa mère l’avait prévenue de la visite d’un clown. Qendresa ne savait pas ce que signifiait le mot «clown ». Quel individu allait pénétrer dans sa chambre? «Une personne, un animal ou une créature fantastique ?» se demandait la petite fille. Elle était nerveuse. Mais lorsqu’elle entendit frapper à la porte et qu’elle vit entrer un homme vêtu d’une blouse de médecin colorée, portant un gros nez rouge et chaussé de trop grandes chaussures, toutes ses craintes se sont effacées.

Ensemble, ils ont chanté et rigolé, et Qendresa a pu apprendre quelques tours de magie. «Pendant ces moments, je me plongeais dans un autre monde. Avec le clown, soudain, je ne me sentais plus malade» raconte aujourd’hui la jeune femme. Sa maman appréciait elle aussi les visites des clowns. Pendant un quart d’heure, elle pouvait se détendre un peu et ne plus prendre sur elle la responsabilité de faire régner la bonne humeur dans  la chambre de sa fille. Des moments distrayants inondaient la chambre de fraîcheur. Aujourd’hui, lorsque Qendresa parle des clowns de l’hôpital, ses yeux brillent et elle s’exclame: «C’étaient mes plus beaux moments à l’hôpital ! »

Ensemble, offrir du rire

Aujourd’hui aussi, Qendresa se réjouit de ces retrouvailles. De loin, on entend les conversations animées des docteurs Jo et Dada, qui sillonnent aujourd’hui le Kinderspital de Zurich. Ils ouvrent grands les bras à Qendresa. Ensemble, ils se mettent en route pour offrir du rire aux enfants. Une fois que les deux clowns ont reçu les informations nécessaire sur les petits patients du jour auprès du personnel soignant, ils frappent à la première porte. Curieuse des premiers instants, Qendresa reste d’abord au second plan et observe le jeu des clowns.

La jeune femme admire la manière dont les clowns font réapparaître un peu de couleur dans le quotidien souvent gris des enfants et des familles. «Il est merveilleux de voir comment les clowns impliquent tout l’entourage. Même l’enfant timide qui se tient tout en arrière, et qui se contente d’ouvrir grand les yeux, se met alors à rire.» Au cours de la visite, Qendresa se détend et commence à fredonner les chansons avec les clowns, les enfants et les parents. Un ancien sentiment s’est réveillé, celui qu’elle ressentait en présence des clowns de l‘hôpital lorsqu’elle était dans cette même situation: « A leur côté, je pouvais enfin être moi-même. » Reconnaissante des merveilleux souvenirs que les clowns lui ont donnés au cours de leur visite et pendant son enfance, elle quitte heureuse le Kinderspital de Zurich, avant de conclure, dans un sourire : «Les docteurs Rêves auront toujours une place toute spéciale dans mon cœur. Merci!» LK
 

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