16 mai 2024

« L’improvisation est un élément important dans la formation de docteur Rêves »

Rares sont les personnes en dehors de la Fondation Théodora qui connaissent les docteurs Rêves aussi bien que lui : Daniel Bausch, enseignant à l’Accademia Teatro Dimitri (ATD), forme des artistes professionnels pour en faire des docteurs Rêves. Dans cet entretien, il nous révèle ce qui est important dans la formation.

Monsieur Bausch, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je suis un acteur allemand et j’ai moi-même été formé à l’école de théâtre Dimitri à Verscio, dans le canton du Tessin. Aujourd’hui, j’y enseigne l’improvisation et je suis responsable de la formation des docteurs Rêves de la Fondation Théodora.

Comment est né le partenariat entre la Fondation et l’ATD ? Vous en souvenez-vous ?

Mon premier contact avec la Fondation Théodora remonte à 1993, lorsque le docteur Rêves Kiko a été formé dans notre école de théâtre. Les frères Poulie et Dimitri entretenaient à l’époque déjà une longue et étroite amitié. Au fil du temps, notre collaboration n’a cessé de s’approfondir, si bien que nous proposons désormais une formation continue sur mesure pour les docteurs Rêves.

Une formation continue sur mesure – ça a l’air passionnant. En quoi consiste-t-elle ?

Nous avons créé un certificat d’études avancées [ndlr : dans la gestion des équipes artistiques], spécialement conçu pour la Fondation Théodora. Nous avons proposé ce certificat reconnu internationalement à onze coordinateurs artistiques de Théodora venus de Suisse, d’Italie, d’Espagne et d’Angleterre. Tous les participants, qui sont eux-mêmes des docteurs Rêves, ont obtenu le certificat. À la fin, tous ont rédigé avec succès un travail académique complet sur un sujet pertinent pour la Fondation Théodora. Il ne faut toutefois pas confondre ce CAS avec la formation certifiante pour les nouveaux docteurs Rêves.

Pouvez-vous expliquer ce que les artistes apprennent lors de la formation certifiante de docteur Rêves ?

La formation actuelle, qui a débuté en avril 2024, se déroule dans des conditions tout simplement idéales. En effet, la Fondation Théodora ne se contente pas de former les artistes, mais elle leur garantit également un emploi par la suite. C’est très rare. Nous formons actuellement dix artistes de Suisse et quatre d’Angle-terre. Pour exercer le métier de « docteur Rêves », il faut des compétences très spécifiques. L’improvisation, entre autres, est un élément important de la formation. Par exemple, lorsqu’on entre dans une chambre d’hôpital, il faut être capable de voir et sentir ce dont l’enfant a exactement besoin. On apprend à jouer avec l’espace, à interagir avec un partenaire de jeu, à écouter activement et à créer quelque chose de nouveau à partir du moment présent. À la suite de cette formation, les docteurs Rêves obtiennent un CAS dans « l’art du docteur Rêves ».

Pour exercer le métier de docteur Rêves, il faut des compétences très spécifiques. 

Daniel Bausch, Accademia Teatro Dimitri

Les artistes en formation se heurtent-ils aussi à des difficultés ?

Au cours de leur formation, les futurs docteurs Rêves observent un artiste expérimenté à l’œuvre à l’hôpital. On sent alors tout de suite si l’on est fait pour ce métier ou non. On est parfois confronté à des situations très difficiles et il faut savoir les gérer. Et si l’on n’a pas la capacité de maintenir une certaine distance avec les personnes concernées, il peut être difficile de poursuivre la formation.

En dehors de la formation, y a-t-il d’autres projets que l’ATD et la Fondation élaborent ensemble ?

Bien sûr. Nous nous réunissons régulièrement et menons beaucoup de recherches, en particulier sur la formation continue des docteurs Rêves qui ont plus de cinq ans d’expérience. Nous avons constaté que les docteurs Rêves expérimentés ne parlent pas le même langage artistique que les plus récents. C’est un grand sujet de recherche que de créer un pont entre ces deux réalités distinctes, de trouver des points communs et, bien entendu, de mettre en place des mesures adéquates dans le cadre d’une formation continue.

Comment les artistes développent-ils leur personnage de docteur Rêves pendant la formation ?

Dès le début de la formation, les artistes commencent à trouver leur personnage au moyen d’exercices et de jeux. Il faut être à l’écoute de soi et redécouvrir son « moi ludique ». C’est ainsi que l’on acquiert peu à peu une sensibilité dans ce sens et que l’on peut ensuite se présenter avec un personnage dans les hôpitaux et les institutions pour enfants en situation de handicap. De plus, les artistes en formation réfléchissent à un nom de docteur Rêves approprié pour leur personnage. Le développement du personnage de docteur Rêves peut toutefois s’étendre sur des années.

Quand est-ce que la formation des nouveaux docteurs Rêves a commencé au Tessin ?

Nous avons eu le plaisir d’accueillir les futurs docteurs Rêves de Suisse et d’Angleterre au Tessin de fin mai à début juin. Un programme complet d’entraînements intensifs les y a attendu. Ils ont passé la nuit ici, ont fait connaissance et ont appris un nouveau métier. 

Que souhaites-tu pour l’avenir ?

Que nous continuions à former des docteurs Rêves très compétents et professionnels qui se soutiennent mutuellement, aussi bien les seniors que les juniors, et que l’ensemble des artistes établissent une communication respectueuse et de soutien. Nous souhaitons aussi susciter chez eux l’envie d’élargir leurs connaissances. Il est très important que les artistes soient enthousiastes à l’idée de suivre la formation continue.

Pour aller plus loin…

Podcast sur la formation des docteurs Rêves


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